Escapade en Svanetie...
Le moment est venu d'aller tater de la montagne en Svanetie, une region situee dans le nord du pays, separee de la Russie voisine par la chaine du Grand Caucase. Ce sera l'occasion pour moi de randonner un peu, si le temps se maintient.
Le trajet jusuqu'a Mestia, la "grande ville" du coin, se fera dans un minibus surcharge conduit par un jeune homme qui aura un avenir certain dans la F1 s'il survit quelques annees de plus aux routes georgiennes. On plaisante sur le chargement heteroclite du vehicule, dont voici une liste non exhaustive : Un lit, un siege bebe pour voiture, deux sacs de 50 kg de farine, un nombre indetermine de pots de peinture, quelques pasteques volumineuses, un four, et une quantite de sac plastiques au contenu inconnu plus ou moins lourds.
Ajoutez a cela les sacs a dos de quelques touristes, plus lesdits touristes ainsi que quelques locaux, et nous voila en route pour plusieurs heures, entrecoupees d'imprecations envers notre chauffeur qui consacre parfois ses deux mains a se recoiffer. Malgre le chargement, la camionnette atteindra la vitesse respectable de 150 km/h...
Des le lendemain, je me lance sur la piste qui mene au village d'Ushguli, celebre pour ses tours defensives. La region etant assez reculee, les habitants avaient recours a ces fortifications pour se proteger des bandits qui ecumaient la region. Le coin est reste tres eloigne de l'histoire recente du pays, a tel point que ses habitants utilisent toujours leur langue, le svan, et que tres peu de gens parlent russe dans les villages, l'occupation sovietique ayant dedaigne ce coin pauvre et enclave.
Notez la taille du chien de berger, qui est a meme de se mesurer aux loups pour proteger les troupeaux. Certains molosses ont ete prives de leurs oreillles et de leur queue pour n'offrir aucune prise en cas de combat avec les predateurs.
Ma promenade se poursuit sur une piste tres correcte, et je suis recompense de mon lever matinal par une superbe lumiere.
Un bivouac plus tard, me voila a Ushguli, et en effet, c'est plutot mignon...
Je dejeune a la terrasse d'un petit bar-restaurant pour changer des nouilles deshydratees, et j'en profite pour negocier un emplacement sur ladite terrasse pour ma tente. C'est un peu etrange, car ma commande au comptoir donnera en gros : "Bonjour, un khachapuri, une pinte et un emplacement de camping pour la nuit s'il vous plait !"
Je partage ma table avec un etudiant russe en cinema qui fait du reperage pour un projet de film sur l'influence des legendes dans le Caucase du XIXeme siecle, un ingenieur allemand en vacances, et un couple de hollandais en balade dans le coin avec une voiture de location. On passe l'apres-midi a bavarder, et les hollandais me donnent rendez-vous le lendemain pour m'avancer un peu sur ma randonnee. Apres un dernier verre, je rejoins ma tente sous le regard surpris des derniers clients.
Reveil pluvieux, et apres avoir empaquete mes affaires, je pars pour une exploration du village qui se reveille doucement. Les cochons et les poules errent dans des ruelles boueuses serpentant entre des maisons delabrees, l'ambiance est vraiment moyennageuse.
Je retrouve mes amis hollandais et c'est parti pour le col qui permet de basculer dans la vallee suivante. Heureusement, le soleil pointe le bout de son nez quelques instants, le temps pour moi de prendre quelques photos des vallees secondaires dominees par les sommets enneiges.
On fait etape dans un village a moitie abandonne, ou seules trois familles vivent l'ete, et personne l'hiver. Les jeunes que nous rencontrons n'ont pas l'air enchantes de passer leurs mois d'ete dans ce trou perdu en compagnie de leurs grands-parents...
On finira par poursuivre jusqu'a la fin de la piste, car le temps ne s'ameliore pas, et on dormira a Lentekhi, une petite ville endormie ou le goudron commence. Je rejoindrai Kutaisi le lendemain, d'ou je repartirai vers Gori, ville natale de Staline.